L'atelier du jardin

Dans l’atelier du jardin que Zadkine fit construire dans les années 50, un ensemble d’oeuvres évoque le travail de la matière et met en scène la question de son élaboration. Une grande figure en bois d’orme représentant Promethée des années 1955-56, présentée à même le sol, afin de lui restituer son statut de bloc en cours d’élaboration domine. Un moulage en plâtre de la tête de cette figure tenant dans sa main le feu apporté aux hommes lui fait écho renvoyant à la question du multiple.
En parallèle à ce bloc d’orme laissé brut dans sa partie inférieure, un bloc de granit sorti de carrière, qui se trouvait dans le jardin du musée depuis toujours et porte la trace d’une ébauche de torse, a été dressé qui rend compte du travail à l’oeuvre, de la transformation de la matière et de l’émergence de la forme. Un petit morceau de bois trouvé par Zadkine à la fin des années quarante au moment de son retour des Etats-Unis, dans un sac de charbon - qui lui inspira l’Orphée présent en arrière-plan dans le jardin et qu’il décida d’exhausser au rang d’oeuvre à part entière en l’installant sur un socle de fortune – dit dans cet enceinte de l’atelier, le surgissement de l’inspiration.
Un assemblage intitulé Le Sculpteur, constitué d’une tête d’homme en pierre datant de 1922, d’une feuille de plomb gravé et d’une rarissime peinture sur verre mêlant sculpture, dessin, travail de gravure, symbolise les différentes techniques auxquelles Zadkine eut recours. Cette composition en abyme, représentation de l’artiste par lui-même, synthèse de son travail comme de son goût pour l’archaïsme et le néoclassicisme mêlés est particulièrement riche de sens. Ce prêt exceptionnel du Centre Pompidou constitue le point d’orgue de la nouvelle présentation des collections.