DANS LE JARDIN

Jardin du musée Zadkine (c) photo Pierre Antoine

Viens voir ma folie d’Assas, écrivait le sculpteur Ossip Zadkine à un ami, et tu comprendras combien la vie d’un homme peut être changée à cause d’un pigeonnier, à cause d’un arbre… » écrivait Zadkine à son ami André de Ridder, critique d'art

À quelques pas du jardin du Luxembourg, et du quartier de Montparnasse, le musée Zadkine, dérobé au regard des passants, est un véritable havre de paix et de verdure.

On y découvre un merveilleux jardin de sculptures disséminées parmi une végétation abondante aux essences multiples, prunus, érables, bouleau… un bouleau planté par Giuseppe Penonne en 1998 à l'occasion de l'exposition, Jardins d'artiste, de mémoire d'arbre. Des assises taillées dans une grume de chêne invitent les visiteurs à une halte dans une atmosphère de charme et de poésie.  


Certaines des sculptures présentées dans le jardin (Orphée, le Torse de la ville détruite) occupent le même emplacement que du vivant de Zadkine. Dans ce lieu intime heureusement préservé, sont exposés des bronzes de grande dimension de différentes époques.

Nombre des bronzes présentés dans cet espace à ciel ouvert, coeur battant du musée le faisant vivre au rythme des saisons, s’inscrivent dans la veine néo-classique. Ce style s’affirme chez Zadkine au tout début des années trente, époque de son voyage en Grèce et s’impose davantage encore durant son exil aux Etats-Unis. Il se traduit par un goût pour les sujets mythologiques, certains éléments formels empruntés à l’antiquité classique se mêlant à des réminiscences cubistes, tels les jeux de volumes concaves et convexes (La Naissance de Vénus, Mélancolie, Orphée, La Poétesse ou Monument pour un jardin).
Le Projet de Monument à Apollinaire, immédiatement à gauche de la sortie est représentatif de ce style. Il est l’un des quatre projets de monuments que Zadkine conçut à la fin des années trente et qu’il exposa à Paris en 1939 dédiés aux poètes qu’il admirait. Les deux bronzes présentés au pied des grands sycomores (Orphée, Torse de la Ville détruite) occupent l’emplacement voulu par Zadkine. Erigé dans le port de Rotterdam en 1953, le Monument de la Ville détruite symbolise la destruction de cette ville par les bombardements allemands en 1941. Il est, avec la Forêt humaine, l’une des oeuvres emblématiques de la production de Zadkine à la fin des années quarante, dont le style découpé se prolonge dans les années soixante (Projet pour le Monument aux Frères Van Gogh, Girouette). Cette oeuvre au moment de sa création fut comparée à Guernica.

La Forêt humaine illustre le thème de la métamorphose de l’homme en végétal qui apparaît dans son œuvre  à partir de 1947. Le personnage d’Orphée qui l’inspira à plusieurs reprises dès les années 1930 lui permet d’affirmer que, pour lui, la sculpture est aussi poésie et chant de haute intensité.

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