EN CE MOMENT | À L'OCCASION DES 40 ANS DU MUSÉE L'EXPOSITION OSSIP ZADKINE. UNE VIE D'ATELIERS

Le sculpteur Ossip Zadkine et la peintre Valentine Prax, son épouse, ont passé ensemble presque quarante ans, de 1928 à 1967, dans la maison, les ateliers et le jardin de la rue d’Assas. Quarante ans, c’est justement l’âge que célèbre cette année le musée Zadkine, qui a ouvert en 1982 en ce même lieu, grâce aux legs de Valentine Prax.
Pour célébrer cet anniversaire, le musée présente l’exposition Ossip Zadkine. Une vie d’ateliers qui entraîne le visiteur au cœur de l’atelier des deux artistes. Près de cent œuvres forment le parcours de l’exposition, qui compte une belle sélection de chefs-d’œuvre de Zadkine, dont un prêt exceptionnel, mais aussi des peintures de Prax rarement montrées et de nombreuses photographies inédites, certaines de grands photographes, comme André Kertész ou Marc Vaux. Elle occupe l’ensemble des salles du musée dans une scénographie renouvelée, qui évoque " l’esprit d’atelier ".

Pendant quarante ans, les murs et les arbres de cette demeure ont été témoins du quotidien et de la création du couple d’artistes. Depuis quarante ans, le musée Zadkine conserve et valorise leur œuvre respectif, et plus particulièrement celui du sculpteur, artisan du renouveau de la sculpture au XXe siècle.

À la fois lieu physique et espace mental, autant nid, abri que poste d’observation, ce foyer-atelier se déploie comme habitacle des œuvres. Scène de la création, il sert aussi de cadre aux mémoires de Zadkine et de Prax, et de décor aux nombreuses photographies qui font partie des archives du musée aujourd’hui.

L’exposition Ossip Zadkine, La Maison-atelier est l’occasion de révéler une partie de ces précieux témoignages et ainsi d’offrir au public une évocation incarnée de l’atelier des deux artistes. Dans un jeu de miroir, les photographies sont associées à des sculptures, des peintures et des dessins de Zadkine et de Prax, principalement issus de la collection du musée, pour faire apparaître leur lieu de vie et de création comme un tout ; car « autant qu’un morceau du monde, la maison est un monde en soi : celui que son propriétaire porte dans sa tête et qu’elle matérialise » (Mona Chollet, Chez soi : une odyssée de l’espace domestique, 2015).

Depuis les premiers ateliers que Zadkine a peuplé de ses sculptures dès son arrivée à Paris jusqu’à l’atelier du jardin que le sculpteur s’est fait construire après-guerre, le parcours de l’exposition suit un principe chrono-thématique. Une partie introductive raconte les premiers ateliers dans lesquels Zadkine a vécu et travaillé, au cœur du quartier Montparnasse. Le second chapitre est consacré à la maison-atelier de la rue d’Assas où il s’installe en 1928 avec Valentine Prax, qu’il a épousée en 1920. La troisième et dernière section propose de se plonger dans le processus de création et le fourmillement de la vie de l’atelier.

LE PARCOURS DE L’EXPOSITION

 Ossip Zadkine à Montparnasse

Arrivé en France en 1910, Ossip Zadkine devient très vite un familier du quartier de Montparnasse. Au fil de ses rencontres avec les avant-gardes artistiques et de ses déménagements d’atelier en atelier, sa sculpture trouve son identité.

À la Ruche et dans l’atelier de la rue Vaugirard au début des années 1910, Zadkine est souvent à la recherche de matériaux à sculpter. Malgré des ressources limitées, il crée ses premières têtes en pierre.  Vers 1913, l’installation dans un nouvel atelier rue Rousselet, plus grand et plus lumineux, permet à la sculpture de Zadkine de s’épanouir. Il sculpte des bois monumentaux et expérimente de nouvelles matières, comme le ciment.

Cet élan est pourtant arrêté brutalement lorsqu’il s’engage comme brancardier-infirmier pendant la Première Guerre mondiale. Abattu physiquement et moralement par cette expérience extrême, Zadkine revient pourtant à la sculpture dès la fin des années 1910. La découverte du Quercy, où il aura bientôt un atelier, de nouvelles amitiés et le mariage avec Valentine Prax accompagnent un souffle nouveau, défini par l’exploration de multiples sources d’inspiration et la confirmation de sa fascination pour le bois et la pierre. L’atelier de la rue Rousselet accueille sa première exposition personnelle en 1920.

Les années suivantes, Zadkine cherche une nouvelle manière de représenter la figure humaine. Son atelier est alors un laboratoire d’expériences plastiques. Influencé un temps par le cubisme, il s’essaie aussi à de nouvelles techniques comme le modelage, la dorure et la laque.

La folie d'Assas

Viens voir ma folie d'Assas et tu verras comme la vie d'un homme peut être changé par un pigeonnier, par un arbre

Ossip Zadkine écrivant à son ami et critique d'art André de Ridder à son installation rue d'Assas en 1928

Prax et Zadkine s’installent en 1928 dans cette maison-atelier que le sculpteur qualifie de « folie d’Assas », du nom de la rue. Ce nouveau foyer est à la fois le refuge des sculptures nées dans les précédents ateliers, qui viennent habiter les espaces de travail et le jardin, mais aussi le réceptacle des œuvres à venir.

Plus qu’à aucune autre période, la cohabitation des œuvres de Prax et Zadkine nourrit un intérêt partagé au début des années 1930, pour l’héritage de la Grèce antique et de la mythologie. De nouvelles œuvres de grand format apparaissent dans le travail de Zadkine qui connaît une évolution stylistique importante.

À cette même période, Prax et Zadkine font l’acquisition d’une maison accompagnée d’une grange dans le village des Arques qui devient leur deuxième lieu de résidence et de travail. Les œuvres voyagent de Paris aux Arques ou des Arques à Paris.

Mais à nouveau, l’impulsion créatrice connaît un coup d’arrêt avec la Seconde Guerre mondiale. Zadkine prend la difficile décision de s’exiler aux États-Unis, tandis que Prax se réfugie aux Arques. À New York, le sculpteur a l’impression de retrouver la précarité de ses débuts, alors qu’il n’avait pas d’atelier adéquat. Quelques œuvres importantes naîtront néanmoins de cette période tragique. 

L’après-guerre, surtout, voit éclore de grandes figures dans la sculpture de Zadkine, tels que La Forêt humaine, La Ville détruite, Orphée et Prométhée. Ces héros et héroïnes peuplent les feuilles de dessin, habitent différents matériaux sculptés. Ils occupent les ateliers et l’esprit de Zadkine.

 Vivre et travailler dans l’atelier

Après son retour des États-Unis en 1945, Zadkine a l’opportunité de faire construire dans son jardin un nouvel atelier qui accompagne un tournant dans sa création. L’œuvre inachevée, l’objet « totem » et les outils qui y prennent place aident à comprendre et à incarner le processus de création du sculpteur qui se réclame de l’artisanat et du faire. Les photographies dévoilent l’accumulation des figures sculptées dans l’atelier, accompagnées par les objets du quotidien, samovar, livres et accordéon, formant l’univers, l’environnement de création de l’artiste.

La vie de Zadkine dans les ateliers est aussi rythmée par l’enseignement de la sculpture, débuté aux États-Unis. En revenant en France, il continue et développe cette activité dans différents ateliers autour de la maison de la rue d’Assas, où il reçoit également nombre d’élèves et un large cercle de connaissances. Du vivant de Zadkine déjà, la maison-atelier devient un lieu d’accueil et de contemplation.

Après le décès du sculpteur en 1967, Valentine Prax, tout en poursuivant sa carrière de peintre, se consacre à la protection et au rayonnement de l’œuvre de Zadkine. En 1978, elle lègue à la Ville de Paris la totalité de ses biens, à charge pour la municipalité de concevoir un musée rue d’Assas.  Le 15 avril 1981, Valentine Prax meurt. Un an plus tard, le 19 avril 1982, le musée Zadkine est inauguré, la maison-atelier est devenu l’atelier-musée.

OSSIP ZADKINE. UNE VIE D'ATELIERS
Exposition présentée du 11 novembre 2022 au 2 avril 2023
Du mardi au dimanche de 10h à 18h - dernière entrée 17h20 - fermé le lundi et certains jours fériés. Ouvert le 11 novembre, fermé le 25 décembre et le 1er janvier.

COMMISSAIRES

Cécilie Champy-Vinas, directrice du musée Zadkine & Pauline Créteur, chargée de recherche à la BnF

ACCES BILLETTERIE EN LIGNE ICI

TARIFS | 9 € (tarif plein) et 7€ (tarif réduit) - Gratuit pour les - 18 ans

MUSEE ZADKINE - 100 BIS RUE D'ASSAS 75006 PARIS

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