À partir du 22 octobre, les sculptures, vidéos, « almost ready-mades » et collages de Julio Villani investissent le musée Zadkine - de l’atelier au jardin jusqu’au corps de la collection - en un parcours ludique et plein d’humour. L’artiste - dont le travail doit autant au glaneur qu’à l’ange, à la trouvaille qu’à la poésie - est né au Brésil en 1956. Installé à Paris en 1982, il fait depuis continuellement la navette entre les deux rives de l’Atlantique.

Julio Villani - L'Arpenteur

Etre ou ne pas (y) être : éloge de l'entre deux. « J’y suis » présuppose un lieu et un corps. L’ubiquité — don autrefois réservé aux divinités — est devenue une obligation sociale. Nous vivons ici et là, les distances réduites à néant. Mais un corps ne peut être à deux lieux à la fois.

La réalité fuit les extrêmes ; nous ne vivons en fait ni totalement ici, ni complètement là-bas. Nos vies se déroulent dans « l’entredeux » (milieu : medius locus). « Entre », c’est-à-dire à l’ouverture, à « la faille à partir de laquelle les versants du monde et du soi apparaissent et se constituent réciproquement. »

C’est dans cette faille qu’avance L’Arpenteur de Julio Villani, explorant ce vaste « tout autre» , mi-lieu/ mi-hors-lieu, mi-réalité/ mi-utopie, qui constitue notre espace de vie.

Or pour cet héritier de l’Oulipo, les mots comme les objets sont faits pour qu’on en joue : navette est aussi le nom de l’outil conduisant le fi l dans le métier à tisser. De ses va-et-vient naît la trame. Il nous la montre à l’oeuvre ; un fi l conducteur perce ici et là, liant les pièces de l’exposition : des épaisses cordes en sisal des Bilboquets à la ficelle qui retient la maison de Domicile fixe, du fil de fer-colonne vertébrale de la Vénus anthropophage aux délicats fi ls de la broderie Autoportrait avec Equateur, c’est la ligne de la pensée de l’artiste qu’il nous est donné de suivre.